Courrier de l’au-delà (III)

Lettre de Hitler

à la chancelière Merkel

 Der Krieg ist tot ! Es lebe der Krieg![1]

Liebe Angela,

Voilà dix ans que le magazine Forbes te désigne comme la femme la plus puissante du monde. Je te félicite. Avec ton charisme de directrice d’école maternelle, ce n’était pas gagné. Mais au fond, peut-être que c’est d’une directrice d’école maternelle dont le monde a désormais besoin.

Ce qui se passe, c’est que beaucoup d’observateurs se perdent en conjectures quand ils essayent de comprendre tes décisions. Moi-même, j’ai mis un certain temps ; l’illumination m’est venue quand tu as décidé, en compagnie de tes amis bruxellois, d’ouvrir en grand les portes de l’Europe à l’immigration de masse. Au début, j’ai tiqué, bien sûr. Ce n’est pas possible, me suis-je dis, comment une allemande … il doit y avoir quelque chose, un sens secret… Tout à coup, j’ai réalisé ! J’ai réalisé que, transcendant les nouvelles données démographiques, quelque chose en toi d’immense, quelque chose de plus grand et de plus vaste que ton Endlichkeit[2] te faisait renouer avec l’élan sublime qui va de l’ostrogoth au Troisième Reich, avec la vague souterraine de notre Vocation profonde, avec notre Eternelle Mission, avec notre Immuable Destin : envahir !

Deutschland über alles, über alles in der Welt. Envahir, envahir, envahir !

J’ai cherché des signes et des précédents dans ta biographie. Et je suis tombé sur la thèse de doctorat que tu as soutenue, il y a trente ans, lorsque tu n’étais encore qu’une jeune physicienne, ma douce Angela. Elle s’intitule : « Étude du mécanisme des réactions de décomposition avec rupture de la liaison simple et le calcul de leurs constantes de vitesse sur la base de la chimie quantique et des méthodes statistiques ». Quoi de plus clair ? La décomposition te passionnait déjà. Séparer, fragmenter, recombiner ! Envahir, décomposer, recomposer !

Les moyens, certes, sont inédits. Mais je reconnais ma petite fille. Nous n’avons pas que le goût de l’écologie en commun. Permets que je te fasse eine grosse Kuss sur les deux joues.

Sincèrement tien,

Adolf

[1] La Guerre est morte ! Vive la Guerre !

[2] « finitude »